*

On annonçait du mauvais temps pour sa venue au Stade de France, mais les près de 60.000 personnes s’étant données rendez-vous à l’occasion du concert de Madonna ce samedi 14 juillet ont pu profiter du show sans recevoir une seule goutte de pluie. La soirée a commencé avec Martin Solveig, remonté à bloc pour interpréter trois de ses derniers morceaux ainsi que les tubes du moment. En grande partie producteur du nouvel album de la Madone, « MDNA », le DJ annonçait avec beaucoup de fierté qu’il s’agissait d’une soirée spéciale pour toute l’équipe, en grande partie composée de Français. Mais c’est un Américain qu’il accueillait sur scène : Will.i.am, de passage en France cette semaine pour la promotion de son nouvel album solo, est monté pour interpréter deux titres en live. Une surprise unique selon le DJ !

Le cocktail sexe, sang et religion a encore frappé

Et c’est plus d’une heure qu’il a fallu attendre pour voir la mécanique, bien huilée, du « MDNA Tour » se mettre en route. Les écrans géants se mettent à bouger tandis que des moines font leur apparition au milieu de graphismes religieux. La cloche retentit, il est heure pour la prêtresse d’entrer dans l’arène en brisant un mur de verre. Voilée, fusil dans les mains, Madonna entonne son dernier single « Girl Gone Wild » devant un public ayant déjà oublié son impatience. Danseurs et lumières sont réglés au millimètre pour mettre en avant la prestation de la chanteuse qui enchaîne avec « Revolver » et le titre « Gang Bang », extrait de son nouvel opus. La réplique d’une petite chambre d’hôtel est alors installée sur scène. Madonna est assiégée par des voleurs qu’elle terrasse à coups de fusil. Le sang est projeté sur les écrans !

Place aux années 80 avec « Papa Don’t Preach » revu dans une version originale. C’est d’ailleurs l’un des points forts de ce concert : la chanteuse n’est pas restée sur ses acquis en réinventant ses titres avec de nouveaux arrangements dans l’ensemble plutôt réussis, à l’exception de son tube « Hung Up », sur lequel on s’est passé du sample de Abba. Ce premier tableau, orné de crucifix, touche à sa fin après une interprétation du titre « I Don’t Give A » au cours duquel la rappeuse Nicki Minaj, présente sur les écrans, rappelle que Madonna est l’unique « Queen of Pop ». Suit un interlude où des danseurs contorsionnistes, sur l’avancée de la scène, excellent en se retournant les bras dans tous les sens possibles et imaginables, craquants littéralement leurs membres parfois même au dégoût du public.
*
*

« On va tout niquer ce soir » !

En majorette, Madonna entre en scène pour reprendre « Express Yourself » en medley avec deux autres titres : « Born This Way » de Lady GaGa et « She’s Not Me », non pas pour rendre hommage à la chanteuse mais pour signifier que Lady GaGa s’est inspirée de son oeuvre, rappelant à son tour qu’elle est la Reine de la Pop. Un titre qu’elle a brillamment porté sur « Give Me All Your Luvin' ». Des danseurs suspendus à un fil comme des marionnettistes miment un orchestre tandis que la scène se met en mouvement pour placer l’artiste sur un piédestal. Un tableau coloré auquel succède « Turn Up The Radio », le nouveau single de la chanteuse, qui ne tient pas le public en haleine…

*
*
Plus communicative (enfin !), Madonna reprend son hit « Open Your Heart » dans une version plus calme avec le groupe basque Kalakan, donnant une touche musicale et visuelle hispanique à ce show, avant un long discours durant lequel la chanteuse explique que le choix du 14 juillet pour sa venue en France n’est pas un hasard. Paix, liberté, respect de la différence : autant de notions qu’elle défend avant d’interpréter sa nouvelle chanson d’amour « Masterpiece ». Et c’est avec moins d’artifice, en guitare/voix, que Madonna finit de nous convaincre.

Madonna fait la totale et provoque Marine Le Pen

La provocatrice reprend par la suite « Vogue ». Le tableau est très esthétique et n’est pas sans faire penser à un défilé de haute couture. Jean-Paul Gautier, présent dans la foule et crédité des costumes de la chanteuse, appréciera. A 53 ans, l’artiste est toujours au top dans sa combinaison noir et blanc rappelant les premières tenues que Jean-Paul Gautier lui confectionnait à ses débuts. Madonna demeure une très bonne danseuse et sa passion pour l’érotisme ne s’est pas estompée. Elle embrasse l’une de ses danseuses avant de se déshabiller lentement, dégrafant son soutien-gorge pour montrer son sein gauche et terminer en apothéose en baissant son pantalon. Vient l’interlude qui a beaucoup fait parler ces dernières semaines. Sur fond du titre « Nobody Knows Me », des images de différentes personnes, de tous horizons, de confessions différentes et de sexualité diverses, défilent à un rythme effréné pour laisser apparaître le visage de Marine Le Pen, associé à des croix gammées. Le public hue ! On attend la réponse de l’intéressée.

Le show touche à sa fin avec un dernier tableau de quatre titres qui séduisent plus ou moins le public. La bombe dancefloor « I’m Addicted » ne produit pas l’effet escompté, pas plus que la chanson « I’m A Sinner », tous deux extraits de l’album « MDNA ». Il faut attendre l’entrée d’un choral gospel d’une trentaine de personnes pour voir le public se mettre en liesse : Madonna reprend « Like A Prayer » et termine très logiquement avec la chanson « Celebration ». Un final esthétique qui tient essentiellement sur les images diffusées sur les écrans géants, mais qui n’est pas du même niveau que le reste du show.

Madonna n’avait rien à prouver hier soir mais a pris quelques risques et su se réinventer, notamment sur une interprétation en piano/voix et sensuelle de la chanson « Like A Virgin ». Sans doute l’un des meilleurs moments de ce concert à la hauteur de la réputation de la Madone.